Face à la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires, pas besoin d'être un grand athlète pour réduire certains facteurs de risque, révèle une étude de l'Université de Montréal.
Les sportifs du dimanche peuvent arrêter de culpabiliser. Selon une étude canadienne, une condition physique, même faible, est suffisante pour agir de façon préventive sur la plupart des facteurs de risque des maladies cardiovasculaires. Ces résultats préliminaires ont été présentés au Congrès canadien sur la santé cardiovasculaire et seront bientôt publiés dans le Journal of Cardiopulmonary Rehabilitation and Prevention (JCRP).
« C'est une excellente nouvelle pour les personnes souffrant de maladies cardiaques qui ont des difficultés à adhérer à un programme d'exercice physique régulier, principalement aérobique », souligne dans un communiqué le Pr Daniel Curnier de l'Université de Montréal (Canada), principal auteur de l'étude. De petites améliorations de leur condition physique seraient donc suffisantes. Il n'est pas nécessaire d'être un athlète pour profiter de ces effets », insiste-t-il.
Pour parvenir à cette conclusion, l'équipe montréalaise a sélectionné 205 hommes et 44 femmes atteints d'une maladie cardiaque incluant les maladies coronariennes, l'infarctus, l'insuffisance cardiaque et les valvulopathies.
Ils ont été soumis à une épreuve d'effort sur vélo stationnaire pour déterminer leur condition physique. Les résultats ont démontré qu'une condition physique normale, et même jusqu'à 20 % sous la moyenne de la population, est suffisante pour qu'il y ait une action préventive sur cinq des huit facteurs de risque qui touchent les personnes souffrant d'une maladie cardiovasculaire. Ceux-ci étaient le tour de taille, le diabète, l'hypertension, l'obésité et le surpoids.
Par condition physique « normale », ces chercheurs rappellent qu'on entend celle d'un individu en bonne santé. Ils précisent que, pour y arriver, « le plus simple est de suivre les recommandations de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), soit 150 minutes par semaine d'activité physique modérée ou 75 minutes d'activité soutenue ». De là à dire que 120 minutes par semaine d'activité physique modérée ou 60 minutes d'activité soutenue suffisent, il n'y a qu'un pas...
Un pas que ne franchissent pas ces scientifiques qui soulignent, par ailleurs, que la dépression est un facteur de risque de maladie cardiovasculaire majeur, puisque les personnes cardiaques qui ont déjà connu un épisode de dépression ont des problèmes cardiaques récurrents.
Sauf que sur ce facteur de risque, les petits sportifs perdent le bénéfice. Les résultats de l'étude ont en effet montré l'importance d'avoir une bonne condition physique, avant et après un malaise cardiaque, qui exercera une action préventive sur la dépression.
Au final, cette étude apporte tout de même un nouvel éclairage sur le rôle global de la condition physique dans le développement des facteurs de risque cardiovasculaire chez les patients cardiaques. Et les chercheurs insistent surtout sur l'importance pour ces malades de consulter leur médecin traitant avant de se lancer dans un programme d'exercice physique et de faire appel à un kinésithérapeute : « ces professionnels sont en mesure de savoir quel type d'exercice est sécuritaire pour elles et comment mettre en œuvre un programme d'exercice », concluent les auteurs.
Pour rappel, les maladies cardiaques représentent l'une des principales causes de décès sur la planète, soit 31 % de la mortalité globale. Une proportion qui ne cesse d'augmenter depuis les dernières années.
Par Julien Prioux de Pourquoi Docteur, avec la rédaction